Après avoir quitté le Golf du Mexique, nous traversons au Sud de la péninsule du Yucatan, dans l’Etat de Campeche pour rejoindre enfin le Monde Maya. Le site de Calakmul est à quelques kilomètres à peine de la frontière avec le Guatemala, mais il n’y a pas d’entrée ni de route à travers la jungle. Durant la période classique, Calakmul était l’un des plus important centre de pouvoir avec Tikal et El Mirador au Guatemala actuel et Palenque au Mexique.
La forêt tropicale nous ravie. On retrouve les singes hurleurs, les Saraguates et les singes araignées ainsi que les paysages des vestiges Mayas recouverts par la forêt tropicale qui ne cesse de vouloir reprendre ses droits. C’est juste magique.
Et cela nous replonge dans notre premier voyage à vélo entrepris 7 ans plus tôt avec Daniel dans le Monde Maya du côté guatémaltèque. Nous avions voulu atteindre et traverser à vélo, cette fameuse région humide, reconnue et protégée par la convention Ramsar comme la deuxième plus importante forêt tropicale en Amérique après l’Amazonie. Un vrai trésor végétal et animal encore pur et sauvage.
Mais côté guatémaltèque comme mexicain, la déforestation menace, notamment en raison de l’élevage des bovins, de l’exploitation illégale de bois précieux, l’activité minière ou pétrolière, la construction de route, etc. Pourtant certaines populations locales se sont reconverties dans les activités de tourisme. Elles continuent de cultiver la milpa (champ de maïs) pour leur consommation personnelle et tentent de protéger leur environnement. Une nouvelle activité est celle de l’apiculture et de la production de miel, en accord avec le fait de préserver la forêt et qui leur donne pour l’instant plus de ressource que la culture du maïs.
Les sites de la réserve de la biosphère de Calakmul sont beaucoup moins connus que leurs voisins très visités de Tikal, Palenque ou Chichén Itzá. Nous croisons donc très peu de touristes et avons presque chaque site pour nous. On observe donc nombre d’animaux comme des Nasuas (de la famille des ours fourmiliers), des Dindons ocellé (espèce menacée de dindon sauvage centraméricain), des Pécaris à collier (de la famille du sanglier), des chats sauvage, des renards et une multitude d’espèces d’oiseaux.
Nous touchons enfin le monde que nous souhaitions tant revoir et partager avec les enfants. Il nous tarde de rejoindre le Guatemala, ses vestiges et sa forêt tropicale bien sûr, mais également sa culture Maya toujours présente et toujours vive qui nous a beaucoup fascinée et au contact de laquelle nous avons tant appris. Pourtant le Mexique nous aura conquis. Et lorsque nous embarquons dans le port de Chetumal, au bord de la mer des Caraïbes sur le bateau qui nous emmène au Belize, nous nous promettons d’y revenir dès que l’occasion se représentera.
Il aura fallu surmonter bien des obstacles pour traverser le Mexique et ses quelques 4 400 km, depuis la mer de Cortez au Nord-Ouest jusqu’à la côte Caraïbe au Sud-Est. Le tout, en 6 mois de voyage.
Le plus dur à affronter fut le sentiment d’insécurité permanent dans lequel vivent les mexician.e.s. Triste réalité qui freine complètement la liberté de circuler. Rien à voir avec le sentiment de liberté pure que nous avions en Alaska. Nous devions composer notre route en fonction de l’état des routes, du trafic et du paysage tout en prenant en compte les informations de sécurité données par nos ambassades respectives, nos camarades cyclistes et les personnes rencontrées sur la route, tout en gardant une part de sens critique.
Et la chaleur extrême de cette canicule 2018 nous aura aussi grandement compliqué la tâche rendant très difficile toute portion de route en montée longue ou trop forte.
Ces deux obstacles ne sont pas une fatalité. L’insécurité résulte entre autres de choix politiques et d’une trop grande proximité avec les Etats-Unis d’où viennent les armes et où est livrée la drogue. On ne peut que souhaiter à nos ami.e.s mexicain.e.s un grand mouvement populaire de libération nationale. La canicule, “exceptionnelle”, est aussi le résultat du changement climatique pour lequel nous sommes responsables.
Notre expérience du Mexique reste malgré tout incroyable, très éloignée de ce qu’on a l’habitude d’entendre sur le pays. Nous n’avons croisé que des personnes prêtes à nous aider dans quelques situations que ce soit. Nous avons été extrêmement touchés par leur sens de l’hospitalité et leur amabilité. Nous repartons le coeur nourris de très belles rencontres. Nous reviendrons.