Après avoir passé quelques jours idylliques sur l’île d’Alert Bay, nous reprenons le bateau puis le vélo en descendant l’île de Vancouver par la côte Est.
La moitié nord n’est pas beaucoup peuplée. On passe par les montagnes et les forêts trouvant de supers endroits pour camper.
Mais à partir de Campbell River, notre univers change. Moins de montagnes, mais de bons vallons qui se font bien sentir dans les mollets et des stations balnéaires qui se suivent les unes après les autres. On retrouve ces affreuses zones industrielles qu’on n’avait plus vues et presque oubliées depuis notre départ de Fairbanks, en Alaska, en mai. On tente de sortir du trafic dès que possible, quitte à pousser les vélos sur quelques kilomètres de voies de chemins de fer désaffectées.
On s’accroche au camping sauvage mais c’est dur de trouver un endroit pour poser la tente, la moitié Sud de l’île étant très habitée. On trouve un spot très atypique dans un petit bois en bordure de zone industrielle. Entre la voie ferrée, un fast food et une station service. On a connu plus romantique… Au moins de là, on capte un réseau wifi gratuit …
A Port MacNeill, nous embarquons pour découvrir les îles du golf canadien, notamment Salt Spring Island.
Nous rencontrons Eian, un SDF de 60 ans à vélo, qui passe de camping publique en camping publique, “profitant” de sa carte d’invalidité qui lui permet à chaque fois de rester 2 semaines sans payer. Daniel lui répare son vélo et moi, je lui prépare du café et à manger. Il est du coin, Vancouver Island et les îles du golf.
Quand on lui demande s’il a connaissance d’un endroit où se doucher dans les environs, il nous explique que « toutes les places ont été prises par les riches. Avant, il y avait des douches publiques dans les ports de l’île et aussi sur Vancouver Island, mais ils les ont privatisées, maintenant, elles sont réservées à ceux qui ont leur bateau dans le port ». Il nous explique alors que Salt Spring Island était auparavant une île de Hippies où les gens sont venus s’installer en créant des fermes et ont développé l’agriculture.
Certains notamment venaient des États-Unis où ils fuyaient le service militaire en refus de prendre part à la guerre du Vietnam. Et du coup, jusqu’aujourd’hui c’est plein de petits stands locaux avec des œufs, des tomates, des courgettes, du fromage, etc. produits de la ferme, locaux. Mais l’île est devenue tendance, avec son savoir vivre et ses produits bio, régionaux, de saison, etc. Les intellectuels, les artistes sont venus. Et l’île est devenue riche, colonisée par les riches. A vélo, on le perçoit. On ne se sent pas du tout à l’aise de faire du camping sauvage, les gens, depuis leur grandes propriétés de bord de mer, nous regardant d’un air méfiant.
Mais il y a des résistants, comme partout. La première nuit de notre débarquement dans l’île, nous sommes invités à camper sur le terrain d’une maison inhabitée et le lendemain, c’est une famille de Californie venant d’emménager qui nous invite à dormir dans leur tente plantée dans le jardin.
Partout où il y a des Hommes, il y a de l’espoir dit-on. Oui, mais quand même. Cela nous a refroidi pour pousser plus loin dans les îles ultra-chics du golf canadien. Alors, on prend nos clics et nos claques et on tente notre chance vers les îles du golf étatsunien !