Basse-Californie Nord : les 400 premiers km de Marla à vélo

Traversée du désert en mode tandem. Marla piaille, maman se concentre.

Enfin nous voilà au Mexique, plus exactement dans la péninsule de Basse-Californie ! Après avoir passé la ville frontière de Mexicali, c’est un désert à perte de vue qui s’offre à nos yeux. Mais un désert qui change tout au long des kilomètres parcourus. Notre regard s’habitue peu à peu à ce nouvel environnement. On repère la vie partout. On est surpris par tant de beauté et de diversité dans les paysages. C’est magnifique. On se lève en même temps que le soleil pour pédaler “à la fraîche” et on se régale des couleurs de l’aurore au milieu des cactus (Cardons, Saguaros, Agaves, Nopales), Ocotillos, Jojobas, Aloe Vera et autres plantes du désert. Un vrai jardin botanique par moment.

Arrêt camping au milieu des cactus : Cardons, Saguaros, Cidrios, Cactus orgue et Agaves (le cactus utilisé pour la fabrication de la tequila).

“Auberge à la grande ours”*

La péninsule de Baja California est longue de plus de 1 200 km et large de 200 km à son maximum et 45 km à son minimum. Nous descendons sa partie Nord du côté de la mer de Cortez, face au Mexique continental. On retrouve le plaisir des grands espaces et du camping sauvage. Les nuits sans lune nous offrent un ciel rempli d’étoiles.

Sous la tente ou la moustiquaire, au pied des cactus géants, nous sommes ravis de notre “auberge à la Grande Ours”*.

Et Marla qui pédale, fière comme un colibri ! Elle a enfin eu son vélo taaant réclamé depuis siii longtemps, juste avant de passer la frontière mexicaine. Accrochée à mon vélo à l’aide d’un système made in Suisse, le Follow Me, elle chante à tue-tête pour passer la frontière et traverser la ville de Mexicali.

Sans ombre aucune à des kilomètres à la ronde, la pause snack est de courte durée. En pédalant au moins, il y a de l’air.

Une fois de plus, les enfants mettent de la joie et des couleurs là où pour moi, cela fait tout drôle de passer dans un autre monde et de retrouver l’ambiance des grandes villes latinos-américaines : les laissés pour compte qui fouillent dans les décharges à ciel ouvert, les bidonvilles, les odeurs de poubelles brûlées, les nids-de-poule sur la chaussée, … Pas sûr qu’il y ai moins de misère aux Etats-Unis, mais elle apparaît moins flagrante.

Ici, pas de collecte organisée des poubelles, encore moins de recyclage…

Au deuxième jour, Marla roule 49 km. En trois jours, elle affiche déjà plus de 100 km au compteur, soit plus que sa mère ai jamais fait de toute sa vie avant de rencontrer son père ! A cette distance de la frontière, la ville est loin et la nature reprend le dessus. La route est droite et presque sans virage. « Facile » pour débuter et m’habituer aux 20 kg de plus. Marla pédale le matin et l’après-midi c’est repos bien mérité dans le chariot.

Pas un seul virage sur des dizaines de kilomètres. La route est tracée à la règle depuis Mexicali jusqu’à la mer de Cortez, soit sur prés de 200 km.

Juste avant d’arriver à Guerrero Negro, qui marque le début de la Basse-Californie Sud, Marla bat son record avec 51 km en une journée ! Jusqu’ici, elle a parcouru presque 400 km sur son vélo. A 4 ans, cela ne lui pose aucun problème de pédaler sur les routes du Mexique !

Sur son vélo, Marla parle plus qu’elle ne pédale.

Il faut dire que la Basse-Californie est le paradis des cyclistes. Il s’agit bien sûr de planifier ses étapes, de se protéger un maximum du soleil qui cogne fort de 7 h à 18 h et de transporter beaucoup d’eau (20 litres pour 2 jours d’autonomie). Mais la route n°5 qui descend de Mexicali et suit la mer de Cortez face au Mexique continental, est peu fréquentée. C’est l’avantage du désert où personne ne vit :). Et les gens ici sont tellement gentils … Sur la route, ils nous doublent en nous laissant beaucoup d’espace et nous saluent tout le temps. Des coups de klaxons sympathiques et des coucous presque à chaque passage, poids lourds compris. Ça nous change des États-Unis où les pick-ups sont rois et se chargent bien de nous faire savoir qu’on empiète sur leur territoire.

Les camions nous dépassent précautionneusement et nous saluent presque systématiquement.

Un vrai bonheur de retrouver le Mexique et les mexicain.e.s, de parler espagnol, d’être accueillis avec le sourire partout. Et la cuisine … hum …: tacos, burritos, tortillas, sauce piquante, papayes, mangues, jus d’hibiscus, de citron vert, nopales, avocats, haricots noirs, etc. Pour cela aussi, c’est le rêve du cycliste.

Repos bien mérité de notre cycliste en herbe dans une oasis au bord du fleuve Hardy, un afluent du Colorado qui se jette dans la mer de Cortez.

Et puis on trouve des petits coins de paradis, comme au bord d’un des afluents du fleuve Colorado, qui vient des États-Unis pour se jeter dans la mer de Cortez, aussi nommé golf de Californie. On se retrouve un peu comme sur les bord du Nil (enfin j’imagine, car je ne l’ai jamais vu). Véritable oasis insoupçonnée dans le désert, avec ses joncs qui bordent la rivière et divers espèces d’oiseaux dont des hérons, des aigrettes, des poules d’eau et des pélicans.

Les passagers ont dû sortir pour aider à pousser le chariot jusque devant la petite maison de Traile, sur la plage de Punta Bufeo.

Quelques jours plus tard, nous faisons une pause à Punta Bufeo, en bord de mer, où notre amie warmshower de Santa Barbara aux Etats-Unis, nous a laissé la clef de sa maison. On campe sur sa terrasse en écoutant les souffles des baleines grises. Impressionnant. Emouvant. Elles sont nombreuses, de jour comme de nuit à fréquenter la baie et nous, on se régale de les voir et de les entendre depuis le rivage.

Trempette au son des baleines qui viennent respirer à la surface de la mer. Il n’y a pas que les enfants qui sont en joie :).

Puis nous traversons les montagnes du centre, par une piste de cailloux et de sable. Nous mettons deux jours, à pédaler dur dur, pour traverser ces 38 km sans goudron. Éprouvants mais avec un arrêt salvateur chez Coco, 81 ans, cul-de-jatte, qui habite au milieu de ce nulle-part. Il reçoit les cyclistes chaleureusement. Il nous offre de l’eau fraîche, nous prête sa cuisine et nous propose de rester pour la nuit et même de prendre une douche (avec écuelle et bassine d’eau) ! Le summum du luxe dans cette contrée aride.

Coco et Mika s’entendent tellement bien que Mika repartira avec une petite voiture qui reste son jouet préféré jusqu’à ce jour, avec son buli bien sûr !

Nous ne resterons pas la nuit car l’endroit est fréquenté par tous ceux qui passent par là et ne boivent pas que de l’eau. En plus, on aime nos nuits tranquiles au milieu du désert, au pied des cactus et au son du chant des coyotes. Coco est une vrai vedette. L’endroit est fait de bric et de broc, arrangé de manière très artistique. Il reçoit les cyclistes avec plaisir mais a la plaisanterie acide avec les gringos en voiture et à qui il fait payer “10 pesos le pet” :).

Coco’s Corner: des culottes pendues au plafond de la cabane-salon, des bidets à l’air libre et une multitude d’objet de récup’ en guise de logement et de décoration. A mi-chemin entre la maison bidonville et l’oeuvre artistique. Ca vaut le détour. Pour les cyclistes, c’est un point de ravitaillement crucial en eau.

Lorsque l’on retrouve la route n°1 qui suit la côte Pacifique, nous rencontrons Sonia et Marc, deux voyageurs à vélo originaires de Catalogne. On partage un petit bout de route ensemble. Ils nous font avancer pas mal au milieu d’un paysage magnifique et du désert en plein printemps. Des fleurs partout. Nous campons au milieu des cactus. Nous nous séparons le lendemain pour faire une pause d’un jour dans un restaurant qui nous laisse camper dans le jardin, équipé d’un « spielplatz » (terrain de jeu). Mika a pris un coup de chaud. Il dort toute la journée pendant que Marla s’occupe, heureuse de trouver balançoire et petite cuisine.

Marla est très occupée… à jouer !

A Guerrero Negro, nous campons à nouveau dans le jardin d’un restaurant inscrit sur warmshower et on en profite pour se reposer 3 jours, le temps de laver nos affaires, prendre une douche, faire des courses avant de repartir au bord de la Laguna Ojo de Liebre pour rejoindre nos amis de Berlin et fêter mon anniversaire en compagnie des baleines grises qu’on suit depuis l’Alaska et qui viennent ici terminer leur périple, rencontrer un partenaire pour certaines et mettre bas pour d’autres.

Nous traversons les marais salans pour rejoindre nos amies les baleines grises que nous suivons depuis l’Alaska. Avant que nos routes se séparent, elles repartant au nord, nous vers le sud, nous allons leur dire aurevoir.

*tiré du poème d’Arthur Rimbaud, Ma Bohème: “Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées. Mon paletot aussi devenait idéal. J’allais sous le ciel, Muse ! et j’étais ton féal. Oh ! là là ! que d’amours splendides j’ai rêvées ! Mon unique culotte avait un large trou. – Petit-Poucet rêveur, j’égrenais dans ma course. Des rimes. Mon auberge était à la Grande Ourse.”

2 Antworten auf „Basse-Californie Nord : les 400 premiers km de Marla à vélo“

  1. Mes très chers !! Enfin quelques nouvelles !! Les photos sont toujours un régal ; quelle joie de vivre !! mais derrière, ça doit être dur, comme tu le dis Marilyne !! et puis aussi cette sensibilité à fleur de peau quand vous rencontrez ceux qui vivent dans la misère ! mais qui vous apportent plus de chaleur humaine. J’ai pensé à vous en regardant il y a quelque temps “la planète bleue”; époustouflant !
    j’en avais le souffle coupé, aussi j’imagine votre plaisir à voir tant de belles choses, paysages, mais aussi conditions de vie précaires. Soyez très très prudents ! Bravo Marla ! Mika doit s’ennuyer du coup ! Gros bisous à vous quatre !!! Huguette & Gaby

  2. Bonjour les amis cyclistes
    C matin j ai rencontré votre maman à pontarlier et elle m a dit que vous étiez partis faire le tour du monde avec vos 2 enfants quelle belle aventure. J viens de lire vôtre blogue j ai l impression de voyager avec vous. J vous souhaite bon vent et faites attention à vous. Votre maman est en pleine forme. J espère un jour vous rencontrer. Josette

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