
La famille nous a rejoint pour les fêtes de fin d’année et c’est l’occasion de retrouver nos parents, sœurs et beau-frère, partager les nouvelles et aussi se reposer les muscles des cuisses, cuisiner de bons petits plats et voir du pays en voiture ! Et on en fait des kilomètres motorisés ! Après l’anniversaire des 2 ans de Mika à San Francisco, c’est Noël dans un ranch dans le désert, puis nouvel an dans la Death Valley suivi d’un road trip de la Valley of fire, à Monument Valley en passant par Zion et Grand Canyon jusqu’au parc national de Saguaro à la frontière mexicaine. Des paysages époustouflants, des températures allant de 25°C au soleil en journée, jusqu’à -7°C la nuit, de la neige et du soleil dans ces montagnes et plaines californiennes au climat désertique et semi-désertique.

Quand vient l’heure de dire au revoir à la famille, le cœur se serre et la nostalgie nous prend après de si bons moments passés ensemble. Mais quand le moment arrive de remonter sur nos vélos, le 25 janvier, nous sommes les plus heureux. La pluie ne nous épargne pas au premier jour mais nous avons appris à l’aimer depuis que nous avons traversé des endroits tellement secs, sans arbres, sans ombre, sans eau… Et puis nos amis de Suède nous suivent. Anton, Elfrida et leurs enfants du même âge que les nôtres sont venus nous rendre visite. Ils sont en voiture et visitent les parcs nationaux, la côte Pacifique et les Redwoods en journée et on se retrouve au prochain camping, 50 km plus loin, le soir. C’est un pur bonheur de voir les enfants jouer ensemble et de partager une petite bière entre amis, au coin du feu le soir :). Quand ils repartent nous sommes déjà en février.

Cela veut dire qu’il ne nous reste qu’un mois et demi pour parcourir 1 800 km et rejoindre notre prochaine visite : Matti et Franzi de Berlin, à Guerrero Negro au Mexique. Après un mois de repos, on est en forme, on sent qu’on a déjà quelques 5 500 km de vélo derrière nous et on avance rapidement (environ 50 km par jour). La côte Pacifique n’est pourtant pas facile. Il y a des dénivelés énormes. Des montagnes russes et des virages. Des montées à quelques centaines de mètres sur les falaises puis des descentes jusqu’au niveau de la mer.

Mais à Big Sur, la route est coupée sur plusieurs kilomètres en raison d’un glissement de terrain énorme dont on nous parlait déjà lorsque nous étions en Alaska l’an passé. Nous décidons de tenter le passage, quitte à pousser les vélos afin d’éviter le détour de plusieurs jours via les montagnes côtiéres. Lorsque le garde nous voit approcher de la barriére, il nous dit: “Revenez à 17h30. Je laisserai sortir les travailleurs. Je refermerai la barrière. Je m’en irai. Vous attendrez puis vous passerez. Et bien sûr, vous ne m’avez pas vu.”

On franchit donc le “mud slide” (éboulement de terrain) au coucher du soleil. Magnifique. Pas besoin de pousser les vélos, la route est déblayée. Mais une longue montée nous attend et lorsque nous trouvons enfin un endroit où poser la tente, c’est à la lumière de la lune.

Moments difficiles
Donc le vélo et la vie dans la nature nous rendent heureux. Même si on a aussi des moments durs. Souvent en raison de la météo ou du relief. Par exemple, on pensait être à l’abri de la pluie, on se préparait à avoir beaucoup de soleil en adoptant un look « vélo dans le désert » avec des tenues longues et amples, la tête et le visage bien couvert, mais on avait oublié le vent !

On a eu une tempête dans le désert d’Anza Borrego, à l’Est de San Diego. A 6h du matin, on a du évacuer la tente et la remballer de justesse avant que les arceaux ne se cassent. Le toit de la tente touchait presque le sol. On ne rigolait pas. Mais les enfants dormaient comme des anges. En pleine tempête ! Ils ont une confiance absolue en nous, c’est fou. Cela rassure et donne des ailes dans les moments difficiles. Notamment cette scène : le vent soufflant fort, fort, fort, pliant la tente, Daniel dehors à tenter de maintenir les sardines dans le sol, moi empaquetant les matelas, duvets, sacs à viande, coussins gonflables, etc. à côté des enfants dormant tranquilement .… Quand on les a réveillé pour les sortir de la tente et les mettre à l’abri dans le chariot, Marla, entendant la tempête, s’est mise à rigoler, suivie de Mika ! Elle trouvait ça drôle.

A quelques km de la frontière, les hélicoptères volent dans le ciel à l’affût des migrants « illégaux »… Pourtant l’endroit est plein de retraités, du Canada notamment, qui viennent ici passer l’hiver au soleil. Ambiance étrange. C’est le désert, il n’y a pas d’eau. La journée, le soleil cogne. La nuit, il fait très froid. Et des milliers de latinos, avec enfants, tentent de passer, à pied, la frontiére, la peur au ventre avec toutes ces rondes d’hélicoptéres équipés de caméras à infra rouge, la faim, la soif, le froid et l’extrême chaleur… Presque tout le monde ici, nous met en garde sur le Mexique. Ils ont peur. Peur des migrants comme ils ont peur des sans abris aussi.

Sans abri
Sur la côte de Los Angeles, on nous a souvent pris pour des sans abris. On a eu du mal à trouver des endroits pour passer la nuit car il n’y a pas de camping pour les tentes (juste pour gros camping car) et lorsqu’une nuit, il ne nous reste plus que l’option Motel pour dormir, on s’est fait refoulé quatre fois avant d’être “acceptés”, car les gens avaient peur de nous, pensant que nous étions des SDF … Aux Etats-Unis, on nous prend pour des sans abri et au Mexique ce sera complètement l’inverse ….
Mais on rencontre toujours des gens formidables pour nous redonner confiance dans le genre humain.



Et Mère Nature continue de nous gâter. Les baleines sont présentes tout au long de notre passage le long de la côte pacifique. Même au large de Santa Barbara, Sunset Beach, Malibu et Los Angeles, les baleines et les dauphins sont là. On voit aussi de nombreuses colonies de lions de mer. Et puis aux environs de Big Sur, on a même la chance de croiser une colonie d’éléphants de mer ! Des animaux incroyables. Les femelles migrent l’été vers Hawaï et les mâles vers l’Alaska. L’hiver, ils se retrouvent pour s’accoupler sur les plages californiennes. Quand ils sont la, ils ne mangent pas, les mères allaitent et mettent au monde.


A quelques km au nord de San Diego, nous prenons le chemin des montagnes, à l’Est, pour ne pas avoir à traverser la frontière à Tijuana (en raison du trafic, c’est la ville frontière la plus traversée au monde) et rejoindre le Mexique par Mexicali. Arrivés à El Centro, à 15 km de la frontière mexicaine, on se décide spontanément, comme ça, d’acheter un vélo à Marla. Il faut dire qu’elle nous le réclame depuis l’Alaska ! Et de commander sur Internet un ” Follow Me”, un système qui permet d’attacher sa roue avant avec ma roue arrière, comme ça Marla, sur son vélo, peut pédaler, ou pas, et participer un peu plus activement au voyage !

Encore un projet fou. A 4 ans, faire du vélo au Mexique et commencer en traversant la zone frontière …. Une fois de plus, dans la famille, il n’y a que moi qui flippe un peu, notamment car d’un coup, je me retrouve à tirer 20 kg de plus ! Mais Marla est heureuse et les tests dans le camping sont concluants. Mais maintenant, Mika veut lui aussi un vélo… Affaire à suivre …