Pérou en mode rehab

Entre Balsas et Celendin, la montée est rude et les paysages à couper le souffle.

Pour la première fois dans notre voyage à vélo, nous coupons la route et traversons une frontière en bus. Ma blessure au mollet suite à la morsure de chien en Equateur ne me permet pas de reprendre le vélo avant la venue au Pérou d’Esther, notre copine de Berlin et des grands-parents allemands.

Nous quittons donc nos ami.e.s incroyables de Macas et Río Blanco un soir de juillet. Après une nuit de voyage, nous arrivons à Loja, dans le sud de l’Equateur, et comme les affaires sont déjà toutes emballées, on enchaîne direct pour 10 heures de bus jusqu’à la ville de Jaen, dans le nord du Pérou.

De l’Equateur au Pérou en bus.

A voir le paysage défilé devant nous, Daniel a bien des regrets de ne l’avoir pas parcouru en vélo. Moi pas vraiment. La route est belle et il n’y a presque pas de trafic, au coeur des montagnes, les vues sont superbes, mais je me dis que c’est toujours un bon dénivelé d’économisé.

Chargement du mini-bus de Jaen à Chachapoyas.

Après s’être remis de nos 24 heures de bus, pas vraiment plus reposant que le vélo finalement, nous prenons un dernier minibus qui, après 4 heures de trajet, nous emmène à Chachapoyas, dans la région amazonienne du Pérou, à 2 300 mètres d’altitude.

Retrouvailles joyeuses avec Esther.

C’est là que nous rejoint Esther. On est tout content de la revoir, elle n’a pas changé. Notre seul souci, ce sont les enfants qui l’accaparent et ne nous laissent pas vraiment en placer une alors que nous avons mille et une choses à partager. Ils ne se souviennent plus vraiment qu’Esther a été leur éducatrice lorsqu’ils allaient au jardin d’enfants à Berlin, mais le contact passe direct.

Les enfants collent aux basques d’Esther.

Puis les grands-parents Opa et Oma arrivent. Alors hop, on leur refile les enfants et on profite un peu d’Esther entre adultes avant qu’elle ne reparte.

Belles retrouvailles avec Opa et Oma.

Opa et Oma nous ont amené pas mal de matériel. Opa change mes freins et m’installe une béquille. Daniel change les chaînes et les disquettes. Il remplace les plaques cassées du chariot. Puis je couds des bouts de tissus par dessus les trous du sol du chariot. On coupe et on fait coudre les deux sac-à-viande en matière polaire des enfants. Bref, on se prépare pour les Andes et le froid. Après avoir passé un an et demi dans le chaud et extrêmement chaud, nous allons renouer avec les nuits autour de 0°C. On investi dans des bonnets péruviens et des chaussettes en alpaca pour les enfants.

Opa m’installe de nouveaux freins.

Je passe une écographie du mollet car j’ai toujours les deux cicatrices ouvertes et une boule toujours présente. Mais c’est juste un oedème qui n’a pas touché le muscle. Ma peau restera tendue mais la boule devrait diminuer d’elle-même. Cette fois-ci je suis vraiment sur la voie de la guérison quelques 5 semaines après la morsure…

Un jeu très rigolot, le lancé-roulé de pneus.

Au bout de quelques jours, le matériel, les vélos et ma blessure sont fin prêts pour reprendre la route. En mode réhabilitation puisque Opa et Oma veulent nous suivre. Ils ont loué une voiture et peuvent donc transporter les enfants, le chariot et les sacoches. On roule donc ultraléger. Pour les deux premiers jours pas de soucis. On commence par 38 km dont 22 de descente. Easy. On passe de 2 300 m d’altitude à 1 700 m. Puis 53 km en suivant le fleuve au fond de la vallée et fêter nos 16 000 km parcourus en tout.

Heureux de retrouver le vélo après 6 semaines de pause.

Mon seul souci : ma toute nouvelle peur des chiens … Au Pérou, ils sont partout, postés à chaque maison, ils aboient presque systématiquement et te courent après s’ils le peuvent. Je n’arrive pas à me défaire de l’angoisse d’en voir un sortir des fourrés et me choper le mollet, à nouveau. Aussi, même dans les descentes, je suis tendue et n’en profite pas, n’osant rouler trop vite pour pouvoir freiner en cas d’attaque et lancer les pierres que j’ai mis de côté…

Dès qu’il y a des hommes, il y a des chiens… et des vaches, des moutons, des chevaux ou des chèvres.

Heureusement Daniel m’aide à reprendre confiance. Il passe entre moi et les chiens lorsqu’on les croise ou libère la route à la voix ou au jet de pierre. Au bout d’une centaine de kilomètres, l’angoisse finit par faire place à une méfiance un peu plus rationnelle.

Notre support team.

Puis les nouveaux défis commencent. En effet, Opa et Oma voyagent sans tente. Les offres de logement se faisant de plus en plus rares, les étapes se rallongent. Pour rejoindre Balsas depuis Leymebamba, ce sont 84 km, dont 24 km de montée et 60 km de descente. Et à peu près autant de temps pour descendre que pour monter, soit plus de 3 heures pour chaque.

Notre premier col à 3 600 mètres d’altitude.

On monte à 3 600 mètres d’altitude, il pleut et il fait froid, à peine 5°C. Puis nous redescendons de l’autre côté de la cordillère au milieu d’une forêt sèche, avec des cactus et un paysage très aride. Du haut, on aperçoit la vallée tout en bas, où nous allons descendre. Tout autour et le long du fleuve Marañon, du vert. Ce sont des manguiers. Au fond de la vallée, il fait 30°C.

La ville de Balsas est encaissée entre des montagnes à plus de 3 600 mètres d’altitude au climat aride. C’est une oasis de verdure et de manguiers au bord du fleuve Marañon.
Super reprise sans bagages.
Des virages et des courbes pour rendre la montée plus douce.
Vues vertigineuses dans les Andes péruviennes.

Le lendemain, il nous faut faire 57 km pour rejoindre la ville de Celendin et un hôtel où dormir. Avec 44 km de montée, en mode flanc de montagne, lacets interminables qui se suivent pour passer de 800 mètres d’altitude à 3 050 mètres… La route est étroite, je n’aimerais pas la prendre en voiture et avoir à croiser d’autre véhicule. En vélo déjà, on a presque le vertige. Je n’avais encore jamais gravi de montagnes aussi hautes.

Entre Leymebamba et Balsas, on passe de la forêt humide…
…a la forêt sèche.

Avec notre voiture de soutien, on avance de plus de 360 km en une semaine, un record. Lorsque les grands-parents repartent, je me demande sincèrement comment nous allons faire avec ce dénivelé incroyable et tout notre chargement. Notre moyenne quotidienne va connaître une chute spectaculaire entre 20 et 30 km par jour.

60 km de descente entre Leymebamba et Balsas.
Parmi les cactus, quelques arbres en fleur.
Route en lacet entre Balsas et Celendin.
Arrivés au presque sommet, après 40 km de montée en 7 heures de vélo. Nous sommes partie de la vallée qu’on devine derrière la petite plaine au deuxième plan. Je fais la maline mais en fait ça fait déjà quelques kilomètres que Daniel me pousse la main dans le dos, car même sans charge, c’est raide.

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