Le Pérou pour de vrai

Descente à Tablachaca.

Après le départ de Opa et Oma qui nous ont permis d’avancer rapidement et légers comme jamais, les choses sérieuses commencent. Bien sûr, on a profité des grands-parents pour nous alléger au maximum en leur confiant nos affaires d’été, notre moustiquaire, les gobelets en plastiques des enfants. Tout ce qu’on a pu.

20 km de montée jusqu’à 3 100 m d’altitude.
La première moitié du trajet, on compte 24 lacets.

Les dénivelés sont impressionnants mais il y a de petits villages jusque très haut et dans les endroits les plus reculés. Ce qui veut dire qu’on peut se ravitailler en pain, pâtes, fruits et légumes assez régulièrement et que nous ne transportons que 2 à 3 jours d’autonomie alimentaire. Cela m’avantage particulièrement puisque je suis celle qui transporte la nourriture. En plus de cela, Daniel m’a pris le sac d’eau de 10 litres et je récupère la nappe de pique-nique. Daniel chargé comme un bourriquet, nous avons le même rythme et je ne cesse de me demander comment il fait …

Passage de petite rivière.
Daniel monte lentement mais sûrement. Pousser le vélo avec son chargement représente plus d’effort qu’en pédalant.
Ce qui nous pousse, c’est la beauté des paysages. Cela faisait longtemps que nous n’avions pas pris autant de photos.

Nous sommes heureux de retrouver les joies du camping sauvage, on monte et on descend sans cesse avec des dénivelés nouveaux pour nous, mais on s’émerveille du paysage.

Juste avant Cajabamba.
Camping à Tres Ríos.

Et c’est la première fois depuis l’Alaska que nous nous retrouvons scotchés et autant impressionnés par les paysages. Je n’avais jamais ressenti cette sensation de vertige comme au Pérou. On éprouve beaucoup de respect pour la montagne. On se demande encore comment les hommes s’attaquent sans peur à des versants aussi hauts et abruptes pour construire des routes ou des mines. On se sent vraiment tout petit.

A flanc de montagne, avec des tunnels et des éboulements de terrain à passer.

Mais la différence avec les paysages grandioses de l’Alaska, hormis le climat aride et très sec, c’est la quasi absence d’animaux sauvages. Au sortir de la forêt tropicale, des côtes pacifiques nord-américaines, cela nous choque. Quelques oiseaux et deux scorpions, dont un caché dans notre tente. Sinon rien. Et ce n’est pas faute de chercher et d’observer.

Passager clandestin. Nous avions campé à côté de sa maman la veille. Nous l’avons découvert lorsque nous avons déplié la tente le lendemain soir.

Par contre, il y a un nombre incalculable d’animaux domestiques, en ordre d’importance par le nombre : chiens, vaches, moutons, cochons, chèvres, chevaux, poules, ânes, dindons, canards, oies et les typiques cochons d’inde qu’on ne voit pas mais qu’on entend couiner dans leurs cages.

Camping au milieu des poules, canards et dindons.
On assistera même à la mise à mort et au déplumage du canard pour le repas du soir. Les enfants sont surpris mais pas plus choqués que cela. Nous, on préfère de loin cette méthode à l’abattage industriel.
Les enfants sympathisent avec les chèvres.
Embouteillage de moutons.

Avec les animaux domestiques vient aussi l’agriculture. On ne traverse pas d’énormes champs de monocultures mais plein de petites fermes avec des cultures de pomme de terre, de maïs, de quinoa. Nous ne traversons pas de zone sauvage, tout est cultivé même loin de tout et le long de route de terre et cailloux. Il n’y a presque plus d’arbres à part les plantations d’eucalyptus dont le bois est coupé tous les 4 ans pour fournir la côte Pacifique.

Au milieu de jeunes eucalyptus. Le troupeau va aussi vite que nous, on en profite pour discuter avec le mûletier.
A plus de 3 000 mètres d’altitude, vue sur les champs cultivés.
Champ de quinoa.

On se surprend à être systématiquement interpellé avec des “gringos” partout où nous passons. Les paysans péruviens sont moins démonstratifs que ceux du nord de l’Amérique latine mais toujours aussi accueillants et prêts à nous aider quand nous en avons besoin. Et la rencontre avec les enfants est souvent magique.

Les enfants de la ferme qui nous laisse camper sur son terrain nous racontent des histoires et nous posent plein de questions sur nos traditions.
Marla et Mika ont des livres en espagnol. L’une des petites filles fait la lecture pour les autres.

On croise aussi un nombre important de mines et notamment de charbon. Certaines sont en fonctionnement, d’autres laissées à l’abandon et beaucoup sont artisanales, c’est-à-dire de petite envergure. On voit des chercheurs d’or remuant le sable et les graviers dans le lit des fleuves.

Mine de minerais.
Pause déj’ dans un ancien village de mineurs de charbon à l’abandon.
Enorme mine de charbon abandonnée depuis le tremblement de terre de 1970.
Un chercheur d’or.

On rencontre Lucy et son chien Wombat qui marchent depuis 2 ans. Ils sont partis d’Ushuaïa, ont traversé le désert d’Atacama et remontent lentement en suivant les chemins Incas vers le nord. Lucy souhaite en effet devenir la première femme à traverser les Amériques en marchant de la Terre de feu jusqu’en Alaska.

Les montagnes sont le rêve des géologues.
On trouve tout type de roches et de minerais.

Le Pérou et les Andes sont réputés des cyclovoyageurs. Nous croisons deux belges d’une cinquantaine d’années et un jeune couple d’allemands. Il y a aussi pas mal de motards.

Marla et Mika tout contents de tester la moto de deux bikers venus d’Equateur.

Amoureux du Mexique et de l’Amérique central, nous nous y sommes sentis comme des poissons dans l’eau. La chaleur et l’accueil des Colombiens et des Equatoriens nous ont aussi fait sentir très à l’aise, mais le Pérou reste pour nous une énigme. C’est la première fois où nous nous sentons vraiment étrangers. Non pas que nous soyons mal reçus. Au contraire, dans les campagnes notamment, on nous a toujours accueillis lorsque nous demandions un endroit où poser notre tente.

La bergère nous autorise à camper près de ses chèvres et des toilettes.

Mais le contact est plus difficile et surtout, le trafic est complètement fou. Les chauffeurs ne respectent absolument rien. Ils klaxonnent au lieu de freiner ou même simplement lever le pied de l’accélérateur, pour dire “pousse-toi, j’arrive !”. C’est la première fois qu’on se sent aussi peu en sécurité sur les routes. On a donc à coeur de rester le plus loin possible des grands axes et des routes goudronnées. On récolte ainsi des paysages magnifiques, avec le pendant d’une difficulté augmentée.

A 3 000 mètres, il fait frais mais le soleil cogne dur en journée.
Le long du río Santa.

On a aussi la sensation que la nature est surexploitée dans un univers très aride. C’est très déconcertant, on ne voit pas comment cela peut être durable. En outre, on a l’impression qu’il y a peu de résistance. En tout cas, sur notre route, nous avons vu beaucoup de mines, barrages hydro-électriques et carrières qui assèchent et contaminent les rivières dont les populations dépendent pour boire et irriguer leur champ, mais aucun signe d’opposition, pas même un graffiti. Mais le pays est immense et nous n’en avons vu qu’une infime partie.

On remonte tout doucement la vallée du Río Santa…
… où coïncé entre la cordillère blanche (à gauche) et la cordillère noire (à droite), il y a le canyon del pato, un tout petit passage entre les deux chaînes de montagnes…
… avec ses 35 tunnels en voie unique. De quoi se faire queques frayeurs.

Effectivement, avant, ce n’était pas le Pérou…

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